La nouvelle municipalité, Poitiers Caritatif, installée depuis 4 mois, suscite l’interrogation, car l’aspect le plus connu de sa politique est le volume de polémique généré, davantage qu’une évolution notable du cadre de vie de toutes et tous. Les mauvaises langues l’accusent de ne pas se préoccuper de la population et des pauvres. C’est se tromper que de dire ça car nous avons trouvé de nombreuses mendiantes et mendiants se féliciter de leur politique, jusqu’à arborer leurs symboles. Reportage d’Edwy Plein-Air (mais avec une attestation de déplacement dérogatoire en règle).

Marioushka, mendiante de la place Charles de Gaulle (vrai nom de la place Notre-Dame – combien de fois faut-il le répéter à tous ces poitevins qui persistent à nommer les noms selon les coutumes en vigueur durant l’ancien régime ?), a beau ne pas avoir d’hébergement, elle est reconnaissante envers la municipalité. Est-ce la raison pour laquelle elle demande l’aumône avec un gobelet siglé Poitiers Collectif ? « Pas du tout, ils m’ont donné le gobelet, comme à d’autres de mes camarades de galère. Faut pas croire, malgré leur chaussures cirées, ils aident les pauvres ». Interpellés par de tels propos, nous sommes allés interroger les adjointes et adjoint de Poitiers caritatifs, pour savoir ce « ils » dont ils parlaient (vous noterez au passage comment ces maudits pauvres n’ont pas intégré les codes de la modernité inclusive, car ils et elles utilisent un « ils » pour désigner aussi des femmes, ce qui prouvent que le pauvres sont des réactionnaires support de l’hétéro-patriarcat comme le disent nos confrères de Médiaproute par exemple). S’agit-il d’une initiative purement individuelle d’un-e militant-e citoyen citoyennisto-participatif de la majorité, qui a voulu donner un gobelet plutôt qu’un euro, ou s’agit-il d’une mesure politique locale ?

Nous n’avons hélas par pu trancher sur cette question, le mystère reste complet. D’un côté nous avons des militants de EELVS (Ensemble Éludons Les Vrais Sujets) qui nous disaient régulièrement « donner aux pauvres des restes du marché », mais pas d’ « argent liquide » car selon eux « les pauvres ne savent pas dépenser, ils achètent des playsations avec leur allocation de rentrée scolaire, ou du vin pas biodynamique en bouteille plastique, il faut leur donner une obole avec une subvention en nature » d’après Maïté Monastique secrétaire du parti de centre-gauche-droite-libéral. « En plus on se servait plus de ces gobelets qui étaient un coup de com’ qui a réussi puisque nous sommes élu Point E point S désormais. » (NDLR : ils parlent en écriture inclusive, contrairement aux pauvres). Mais de l’autre côté, Bastien Benalla, économiste en chef de la liste, affirme qu’il s’agit d’une mesure politique de son fait « l’octroi d’un Gobelet au SDF fait partie de notre plan de relancing économique. Il s’agit de les tirer de leur situation par l’entrepreneuring. Il n’y a pas de petites start’up, il y a que des start’ups qui ne marching pas car leur fondateur se sortent pas les doigts du nez. En leur donnant un gobelet, ils peuvent récolting plus aisément de l’argent, ou revendring leur gobelet pour en acheter deux, et ainsi de suite, jusqu’à avoir suffisamment d’argent pour se construire une maison passive. » On pourrait croire à un discours ultralibéral classique, mais la dernière phrase confirme tout de même le côté écologiste de la liste Poitiers Caritatif. Une seule crainte selon l’adjoint « que ces belles street-startups soient considérées comme des activités non essentielles et subissent une fermeture administrative à cause du confinement ».

Cependant aucun autre adjoint n’a pu confirmer la version de M. Benalla. Peut-être étaient-ils trop occupés à se défendre face aux invectives de la droite chouane locale sur les questions identitaires (dont se contrefoutent les pauvres), pour pouvoir se concerter politiquement pour agir. Après 12 ans de claeyspitalisme municipal, les pauvres peuvent bien attendre encore quelques mois de plus qu’on se soucie de leur sort, le temps que les distractions des polémiques intellectuelles se terminent.

Edwy Plein-Air (mais avec une attestation de déplacement dérogatoire en règle).