Avec les fortes chaleurs que nous avons connues cet été, un brin d’herbe de la plaine pelée de l’îlot Tison a été admis en réanimation au CHH (centre hospitalier pour herbacées). Chronique d’un drame prévisible.

Vous le savez sans doute, si vous avez déjà mis les pieds à l’îlot Tison depuis les travaux réalisés par la précédente municipalité (dont il est toujours bon de rappeler qu’une partie de la majorité actuelle revendique l’héritage), l’îlot Tison dispose maintenant d’une magnifique plaine pelée. Chef d’œuvre écologique, arbricide, massacre à la tronçonneuse d’arbres par dizaines (voir images satellites ci dessous) en ces temps de réchauffement climatique, dont les travaux ont coûté quelques 2,8 millions d’euros, la réalisation de ce projet sur deniers publics au service presque exclusif du propriétaire de la Tomate Capitaliste nous fait regretter notre ancien maire. Mais trêve d’histoire avec un grand H, passons dans au vif du sujet, notre brin d’herbe.

Comparaison satellite entre 2005 et 2019 – la croix rouge cible la plaine pelée.

C’est dans ce cadre si bien posé par votre serviteur, qu’est advenu le drame durant cet épisode caniculaire de l’été 2020. Alors que les années 2014 à 2019 sont les 5 années les plus chaudes que l’humanité a connu depuis 1880 (voir les données de la NOAA ici), nous continuons à aménager, en ville, de belles prairies tondues bien rases. Les conditions ont ainsi été réunies et le drame s’est produit. Un brin d’herbe, abattu par la chaleur, croulant sous le poids des degrés et manquant cruellement d’eau pour assurer sa survie s’est retrouvé asséché. Sec, comme un jambon ou un saucisson. Les urgences ont été appelées par une fourmi passant par là, qui a vu ce brin d’herbe complètement cramé par le soleil, elle nous explique nous explique :
« Quand j’ai vu ce brin d’herbe dans cet état je ne pouvais pas ne pas agir, j’ai tout de suite appelé les urgences du CHH »

Les services d’urgences sont arrivés rapidement sur les lieux du drame, et ont très vite pris en charge le brin d’herbe. Il a été admis en réanimation une vingtaine de minutes après l’arrivée des secours. Il est encore aujourd’hui entre la vie et la mort. Pierre Futal, urgentiste au CHH nous explique :
« C’est de la folie de tondre l’herbe si courte en pleine vague de chaleur. Forcément elle sèche. De plus il aurait été bien plus judicieux de planter sur cette plaine pelée une forêt nourricière ou à tout le moins des arbres pour apporter un peu d’ombrage à cette herbe qui souffre tant de la chaleur »

Y.G. : « Pensez-vous que la nouvelle municipalité, véritable alternative ou verte à la précédente, puisse réagir pour lutter contre ce type de drame ? »

P.F. : « Je l’espère, en tous cas il va falloir des actes, et il ne va pas falloir attendre, il y a urgence, il fait de plus en plus chaud, il va falloir remettre des arbres dans la ville si l’on ne veut pas tous finir comme ce brin d’herbe d’ici 10 ou 20 ans. Il nous faut des arbres partout, de toute sorte (surtout des nourriciers) pour apporter de l’ombre et faire baisser les températures en été. La ville a trop longtemps été minéralisée, c’est une catastrophe. »

Y.G. : « Mais combien d’arbres faudrait-il planter ?

P.F. : « Je dirais qu’un arbre par habitant, avant la fin du mandat et sur la seule commune de Poitiers serait un bon début »

Y.G. : « Mais 90 000 arbres en 6 ans ça va pas être un peu cher ? »

P.F. : « Tout est une question de priorité, un scion c’est entre 1€ et 10€, soit environ 450 000€, sur 6 ans ça fait 75 000€ par an. Ok c’est de la main d’œuvre, mais il y a plein de manière innovantes de réduire ces coûts en impliquant les citoyens »

On verra si le cri d’alerte sera entendu par nos nouveaux élu·es !

Y.G.