Fait surprenant. Il semblait que depuis les années 90, un large consensus était partagé sur la nécessité du préservatif pour lutter contre le sida en particulier et les MST en général. Consensus reléguant les quelques récalcitrant dans le microcosme du « bareback ». Crise du COVID aidant, le clan des anti-gestes-barrières pro-immunité-collective semble faire des émules sur le plan de la sexualité et faire sortir les anti-capotes de la marginalité. C’est ainsi que l’association Mac-tup vient de voir le jour par scission d’une dissidence de l’association d’utilité publique bien connue. Le mot d’ordre « favoriser l’immunité collective face aux MST par l’abandon du préservatif ». Reportage noctambule par Edwy Plein-air.

Les beaux jours aidant, les rencontres intimes sont favorisées par l’esprit festif qui envahit, bars, plages et festivals. La crise du COVID est certes dans les esprits, mais vite oubliée après 3 verres. Nous sommes allés à la Grande Boule, et le distributeur de préservatif avait disparu. Certes le gel hydroalcoolique et le stand masques prend de la place, et nous pourrions croire à un simple impératif pratique, mais face à notre étonnement une militante du nouveau collectif vient nous voir pour nous dire. « Nous avons fait enlever le distributeur, plus personne ne l’utilise. » Nous avons donc voulu en savoir plus et avons demandé à rencontrer le nouveau collectif poitevin de prévention de la sexualité, le lendemain dans une atmosphère moins bruyante.

« laisser mère-nature nous immuniser, en particulier l’été où le virus est affaibli »

« Mac-tup fait le constat que depuis 30 ans que le préservatif est monnaie courante, nous n’avons pas vu la disparition du VIH pour autant, donc ça sert à rien. CQFD ». Quand nous leur demandons si cela n’est pas dû justement à un relâchement de l’usage du préservatif ou la multiplication des pratiques à risque, le collectif conteste « le port du préservatif, ou les rapports entre séronégatifs, sont justement la meilleure manière d’augmenter la population séropositive. Par manque d’immunité collective. C’est pour ça que nous encourageons l’abandon de toute contraception afin de laisser mère-nature nous immuniser, en particulier l’été où le virus est affaibli ». Les militants de la prévention rejoindraient-ils le camp des « barebackers » ? « Pas du tout, le bareback était une pratique « no future » et destructive de séropositifs qui se vengeaient de la société et abandonnaient le préservatif pour propager le Sida puisqu’ils n’avaient plus rien à perdre. Nous, nous faisons ça justement pour lutter contre le SIDA. On a lu ça sur un blog écrit par un gars qui a vu l’ours qui tient ça d’un YouTubeur qui a vu le frère d’un étudiant en médecine qui a été élève de Didier Raoult, et qui a vu que la pierre de Rosette disait que le VIH se détruisait par la multiplication des rapports sexuels non protégés ».

Le VIH se détruit par la multiplication des rapports sexuels non protégés  ?

Quand aux personnes réellement malades et sous tri-thérapie, le groupe dissident a également une solution « nous disons que nous sommes pour l’abandon du préservatif pour simplifier notre discours public, mais en effet nous ne sommes pas pour son abandon pur et simple pour les personnes réellement malades. » Sursaut de responsabilité pour les cas les plus critiques ? Nous étions en train de nous rassurer quand un autre militant du groupe ajoute «  En effet, nous avons développé une technique d’immunisation pour les malades du SIDA qui consiste à utiliser un préservatif. » Le militant ajoute « il ne faut pas confondre immunisation constructive, et prévention inutile. Le préservatif est utilisé pendant un rapport, puis stocké soigneusement pendant 5 jours. Au bout des 5 jours nous en récupérons le fluide et l’injectons par une seringue dans le sang d’une personne séropositive. » Voyant notre surprise le militant répond « ben quoi, un vaccin c’est bien à base de virus affaiblis ? La médecine c’est un jeu d’enfant qu’on peut pratiquer même sans études, le bon sens populaire suffit ». CQFD.

Hallucinogène

Quand aux autres MST, ce n’est pas un problème «  les mycoses sur les muqueuses sont un bon hallucinogène ».

Et le risque de grossesse dans tout ça ? «  Certes nous y pensons, néanmoins, il y a tellement de couples stériles qui veulent adopter que ce n’est pas grave si on fait des enfants par accident » De quoi réconcilier ces militants anciennement à l’extrême gauche avec les Bas-du-Front National qui proposent l’adoption pré-natale contre l’avortement ? « C’est un peu facile comme propos, il faut savoir que nous travaillons aussi en bonne intelligence avec l’UPR (Union des Parano et des Raëliens) et le Parti Crétin Démocrate de Christine Bout-de-pain qui nous a versé une généreuse cotisation. Nous on est pas sectaire »  Contre toute attente, et dans ces temps tourmentés, le camp de la sexualité libre et celui de l’ordre moral ont visiblement plus de chose qui les rassemblent que de choses qui les divisent.

Edwy Plein-Air