L’information a mis un peu de temps à parvenir à l’équipe Pictavo-centrée de la NRSLIP et à votre serviteur, mais le conseil municipal de Chauvigny a décidé de se lancer dans la vidéosurveillance. Explications :

Le 23 février dernier, le conseil municipal de Chauvigny a décidé de rejoindre le club sélect des villes de la Vienne participant activement à la vidéosurveillance de ses citoyen·nes. Après Poitiers et Châtellerault ce sera donc Chauvigny qui installera elle aussi des caméras dans ses rues. Petit point lexique, le mot « vidéoprotection » n’existe pas, si vous demandez à « Grammalecte« , vous obtiendrez la définition suivante : « Novlangue. Terme imaginé par le gouvernement français pour donner une image positive de la vidéosurveillance ». Si vous demandez au trésor de la langue française informatisée via le CNRTL, vous aurez : « Cette forme est introuvable ! ». Cela vous pose donc un cadre, la vidéoprotection n’existe que dans la bouche des droitards et autres suppôt du gouvernement et autres en marcheur. Tout bon gôchiste qui se respecte devrait avoir en tête l’adage suivant : « Ne parlez pas de vidéoprotection dans un état de droit, ce terme est insupportable »

Rappelez-vous que nous avions déjà fait un article sur le sujet en 2020 en ce qui concerne les caméras présentes à Poitiers. D’une manière générale et pour bien poser le cadre, rappelons qu’une étude parue en 2021, dirigée par la Gendarmerie Nationale, conclue que sur les 1936 enquêtes étudiées, 353 l’ont été sans vidéosurveillance et seulement 22 avec, le reste des enquêtes sont non résolues. Les conclusions de l’étude sont les suivantes :

  • « Les enregistrements de vidéoprotection contribuent à la résolution d’enquête judiciaire […] dans des proportions particulièrement ténues« . Comprendre : ça n’aide pas à résoudre des enquêtes.
  • « Les indices et preuves issues des enregistrements de vidéoprotection se révèlent trop mesurés pour influencer
    globalement le niveau d’élucidation judiciaire sur un territoire, peu importe la configuration ou la thématique
    étudiée.
     » Comprendre : ça ne sert à rien.
  • « Malgré un plébiscite dans les discours, les enquêteurs ne semblent pas véritablement consacrer les enregistrements
    de vidéoprotection comme une ressource incontournable dans leur travail d’investigation au quotidien
    « . Comprendre : tout le monde dit que c’est super, mais en vrai personne ne se sert des vidéos.

Une étude scientifique suisse datée de 2016 conclue que ses conclusions « correspondent aux principaux résultats des autres études scientifiques au sujet de la vidéosurveillance, réalisées en Suisse et en Europe […] les caméras de surveillance n’ont pas induit une baisse de la criminalité […] ce résultat confirme l’inexistence d’effets préventifs sur la criminalité liés à la vidéosurveillance« 

Sous cet éclairage scientifique nous avons contacté Gérard Léonard, maire de Chauvigny pour avoir son avis à la lumière des études de la gendarmerie et du consensus scientifique sur le sujet :
G.L. : « Dans un contexte de problèmes persistants en matière de sécurité, il apparait essentiel de déployer un système de vidéoprotection qui permettra d’élucider des affaires »


NRSLIP : « Vous savez que la vidéosurveillance ne sert à rien ? Vous avez lu les études à ce sujet ? »

G.L. : « Dans un contexte de problèmes persistants en matière de sécurité, il apparait essentiel de déployer un système de vidéoprotection »


NRSLIP : « Vous avez répété la même phrase mais en enlevant la fin, qu’attendez-vous de la vidéosurveillance ?

G.L. : « Dans un contexte de problèmes persistants en matière de sécurité, il apparait essentiel de déployer un système de vidéoprotection »


NRSLIP : « Pourriez-vous me la refaire sans langue de bois ? »

G.L. : « Nos électeurs ont peur à force de regarder la télé, installer des caméras ça fait un bel effet d’annonce, les gens les voient et en plus j’ai un copain qui les installe ».

Si l’on propose à Chat GPT un dialogue sous ces mêmes hypothèses, voilà un dialogue proposé par le chatbot :

Maire : Bonjour, je suis ravi de vous voir ici. Je suis le maire de cette commune et j’ai récemment proposé d’installer des caméras de vidéosurveillance dans les lieux publics pour améliorer la sécurité de nos habitants.

Journaliste : Bonjour, merci pour votre temps. Pouvez-vous me dire pourquoi vous pensez que la vidéosurveillance est la solution à nos problèmes de sécurité ?

Maire : Eh bien, je pense que les caméras peuvent dissuader les criminels de commettre des actes répréhensibles et aider à identifier les auteurs de crimes s’ils se produisent.

Journaliste : C’est une idée intéressante, mais avez-vous examiné les preuves scientifiques sur l’efficacité de la vidéosurveillance ?

Maire : J’ai lu quelques études qui ont montré que la vidéosurveillance peut réduire la criminalité.

Journaliste : Je suis au courant des études dont vous parlez. Cependant, la plupart des études montrent qu’il n’y a pas de preuve convaincante que la vidéosurveillance réduise la criminalité de manière significative.

Maire : Vraiment ? Je n’étais pas au courant de cela. Pourriez-vous m’en dire plus sur ces études ?

Journaliste : Bien sûr. De nombreuses études ont montré que les caméras de surveillance n’ont pas d’effets significatifs sur la réduction de la criminalité. En fait, certains experts ont même suggéré que la vidéosurveillance peut être contre-productive en faisant croire aux gens qu’ils sont en sécurité alors que ce n’est pas forcément le cas.

Maire : Je vois. Mais si les caméras ne sont pas efficaces, comment pouvons-nous protéger nos citoyens ?

Journaliste : Il existe d’autres moyens de renforcer la sécurité, tels que l’augmentation de la présence policière et la mise en place de programmes de prévention de la criminalité. De plus, il est important de prendre en compte les préoccupations en matière de vie privée et de droits de l’homme qui peuvent être soulevées par la vidéosurveillance.

Maire : Je prends note de vos remarques. Nous allons peut-être devoir réfléchir à d’autres solutions pour améliorer la sécurité de notre ville.

Journaliste : C’est une bonne idée. Merci de m’avoir parlé de votre projet.

Bon ça c’est une fiction dans la fiction bien sûr et c’est uniquement si nous vivions sur une planète où la politique se souciait du réel et ne faisait pas dans l’idéologie permanente… Bref la conclusion est partout la même, la vidéosurveillance ne sert à rien. Pourtant on installe des caméras partout, à tel point que l’état a perdu le compte. Dans un rapport de la court des comptes datant d’octobre 2020, il est rappelé qu’en 2011 déjà, la même court des comptes avait alerté sur l’approximation du nombre et de l’emplacement de ces caméras de surveillance et sur la nécessité que le ministère de l’intérieur agisse pour augmenter ses connaissances sur le déploiement des caméras. Vous pensez que l’état a fait quoi que ce soit ? Visiblement ce n’est pas l’avis rendu en 2020.

La connaissance du nombre de caméras effectivement installées reste […] approximative, comme le signalait déjà la Cour en 2011, qui recommandait au ministère de l’intérieur de se doter des moyens d’une meilleure connaissance du déploiement des systèmes par les collectivités territoriales.

Vous l’aurez compris, le déploiement des caméras de vidéosurveillance est uniquement le fait d’une idéologie sécuritaire, qui surfe sur la peur des gens pour gagner facilement l’opinion public à grand renfort d’argent public avec une efficacité concrètement nulle si ce n’est celle d’enrichir les capitalistes de ce pays. En effet, le marché de la vidéosurveillance c’est 1,5 milliards d’euros par an ! La prochaine fois qu’on vous parle de caméras dans votre ville, rappelez vous que c’est de la flûte, que ça ne sert à rien si ce n’est à donner de l’argent public à des vendeurs de caméras et de logiciels.

Jusqu’à présent, on pourrait penser que mise à part la dépense inutile d’argent public chaque année, dans des proportions croissantes, à des fins uniquement électorales et sans effets concrets sur le réel, le déploiement de la vidéosurveillance pourrait être sans grandes conséquences que celles justement citées ici. Mais le capitalisme n’a de cesse de trouver de nouvelles idées pour contraindre toujours plus les personnes dans leurs libertés. Voici donc venue la dernière idée géniale du gouvernement, la vidéosurveillance équipée d’intelligence artificielle. Un article du bondyblog aborde déjà ce sujet de manière assez claire et renvoie à juste titre aux alertes de la quadrature du net sur ce sujet. Pour résumer et pour faire simple, ça pue, ça craint et ça sent vraiment mauvais toute cette histoire. Les JO sont un cheval de Troie pour faire passer un dispositif de surveillance généralisée qui, à en croire les dernièrs évènements de « maintien de l’ordre » que l’on a pu constater à Ste-Soline et pendant les manifestations contre la contre réforme des retraites, va certainement servir à suivre les déplacements et les agissements des opposants politiques plutôt que d’aider à la résolution d’affaires criminelles.

Bref, heureusement que tout cela se passe dans le monde de la NRSLIP, sinon on pourrait penser que le fascisme est En Marche!

Y.G.