Cette semaine, la municipalité de Poitiers, bien qu’elle n’ait pas fait le choix d’enlever tous les panneaux publicitaires de la ville* a quand même fait retirer une publicité jugée sexiste de ses panneaux publicitaires sur les abribus. Si les publicitaires nous ont habitués à des publicités pour des voitures ou des montres de luxes avec des femmes dénudées, la publicité incriminée cette fois-ci est surprenante, puisqu’il s’agit de la marque Aroma, pour les célèbres moutardes de Dijon, en reprenant d’une autre façon une vieille publicité « Il a le pot de moutarde, il aura la femme ! »

Cela n’a pas manqué d’interroger les observateurs locaux « C’est quand même pas sexy, il me serait jamais venu à l’idée d’essayer de séduire avec de la moutarde », nous dit un étudiant qui souhaite rester anonyme. Ces propos sont toutefois contredit par le sociologue poitevin Bertrand Hasch : « l’imaginaire occidental capitaliste dominant patriarcal des relations amoureuses homme-femme est basé sur le stéréotype d’un homme qui serait forcément riche et d’une femme qui serait forcément vénale. De ce fait, pendant longtemps, la voiture était un objet marqueur de la réussite sociale du mâle occidental, c’est sur cet objet que la femme occidentale projetterait les attentes envers son futur mari. Mais le contexte économique actuel fait que la voiture n’est plus ce qui incarne le mieux la richesse et la réussite individuelle. Avec les pénuries, c’est la moutarde qui devient un produit de luxe ». Ces propos sont confirmés par l’économiste Jaques Radin « en effet le cours de la moutarde (27 988 $ le kilo) a dépassé le cours du Bitcoin 20 107,18 $, car c’est désormais tellement introuvable que la moutarde paraît encore plus virtuelle que le Bitcoin… En tout cas la blague de Toto qui fait le tour de la ville et qui n’a pas trouvé de moutarde ne ferait plus rire aujourd’hui »
Une chose est sûre, le jour où il n’y aura plus rien et qu’il s’agira de vendre la corde avec laquelle se faire pendre, les publicitaires la mettront en scène, là aussi avec une femme dénudée.
Edwy Plein-Air
* NDLR : il se dit toutefois qu’une réflexion en vue d’une concertation pour la mise en place d’un débat citoyen participatif et constructif en vue de la mise en place d’un vote pour réduire l’espace publicitaire de 50 % en 20 ans, est en cours.