Fait surprenant, à Poitiers, un collectif « la penderie » s’est illustré dernièrement par la vandalisation d’un lieu alternatif anarcho-artistique(« le Monseigneur Vingt-Trois ») suspecté de male-gaze, de violencing, de patriarking, de pédophiling et d’être des boomers, pour avoir fait des peintures contre les mutilations génitales exercées par la religion.(NDLR : le collectif « la penderie » aime beaucoup utiliser des termes anglais que seules eux….. pardon elleux comprennent). A la suite de ce coût d’éclat, « la penderie » prévoit d’organiser au sein de la médiathèque un « incinérateur participatif pour améliorer la culture par les flammes de la pensée inclusive ». Dans une formulation qui laisse penser à un autodafé sans le dire, les initiateurs de l’appel visent des œuvre du patrimoine culturel commun qui « encouragent aux pensées déviantes par un continuum de la pensée ». Croyant en premier lieu que cet autodafé s’inscrivait dans le cadre d’une montée de l’extrême-droite ou de groupuscule intégristes religieux, coutumiers de ce genre de pratique, nous avons été surpris en apprenant qu’il émanait à l’inverse d’un groupuscule se revendiquant d’une certaine radicalité révolutionnaire. Nous avons interviewé son ou sa leader Démon-t-e Ikéa (de son vrai nom Comte Bertille Ludivine Apoline De la Prouterie de la Roche-Mazet de Chasseneuil du Toupoi)que nous avons rencontré. Interview sans filtre et sans langue de bois.

Le collectif « la penderie » en pleine action
Edwy Plein-Air : Mondame Ikéa pouvez-vous présenter votre prochaine action ?
Démon-t-e Ikéa : Nous avons décidé d’aller à la médiathèque récupérer des livres et DVD en vue de faire un tri dé-constructif des ouvrages laissés en prêt. On est en 2021 et il est inadmissible que des œuvres fassent l’apologie du patriarcat hétérofasciste cis-blanc genre hétéronormating. Nous avons donc procédé à un tri en vue de faire une valorisation énergétique par combustion des bouquins dans un incinérateur participatif…
Edwy Plein-Air N’est ce pas une façon « langue de bois » de parler d’un autodafé ?
Démon-t-e Ikéa : Ne voyons pas les choses négativement nous on fait ça pour le bien et l’éducation de nos enfant.e.s. Avec cette valorisation énergétique d’ailleurs nous créerons un peu de chaleur en vue de réchauffer la place Notre Dame, qui accueille autant de personnel précaire.
Edwy Plein-Air Personnel précaire, vous voulez dire des sans -abris ?
Démon-t-e Ikéa : Nous déconstruisons cette appellation de sans-abris, c’est beaucoup trop stigmatisant, nous pensons qu’il ne faut pas invisibiliser ces personnes. Et abri, c’est un mot masculin, donc c’est genré.
Edwy Plein-Air D’accord, donc vous prévoyez cette action sur la place Charles de Gaulle, dont le nom d’usage est place Notre Dame,….il faudrait d’ailleurs se poser la question de pourquoi les pictaviennes et pictaviens utilisent toujours les noms en vigueur d’avant la révolution,….
Il faut refuser l’oppression des rouges sur les blancs !
Démon-t-e Ikéa, collectif « La Penderie »
Démon-t-e Ikéa : Euh écoutez, en voulant appeler cette place Charles de Gaulle vous faites preuve d’un phallocentrisme hétéro-patriarco-fasciste. Nous on choisit Notre Dame car c’est notre liberté notre choix, et c’est une façon de rendre visible les femmes. Et puis Charles de Gaulle a fait emprisonner mon papy collabo. Et de plus la Révolution Française a oppressé les minorités chouanes et royalistes, il faut refuser l’oppression des rouges sur les blancs !
Edwy Plein-Air A quelles œuvres décidez vous de vous attaquer.
Démon-t-e Ikéa :Toutes les œuvres de Polanski, il va de soi, y compris celles qui ont été filmées avant le viol dont il est accusé : le Bal des Vampires est un film ignoble, tout comme Oliver Twist qui rappelle les heures les plus sombres de notre histoire. Mais bien entendu aussi Autant en Emporte le Vent, et les livres d’Agatha Christie sur demande de son arrière petit-fils pour leur négro-phobie
Edwy Plein-Air Euh excusez moi mais ne considérez vous pas normal que des œuvres montrent leur époque comme elle était : en l’occurrence si les noirs étaient esclaves au XIXème siècle, il est normal que les films dont l’histoire se passe au XIXème siècle montre des noirs en esclavage et que ce n’est pas du racisme, mais que au contraire ça permet de lutter contre, quand on a de l’éducation et de la culture ?
Démon-t-e Ikéa : Éducation et culture, deux concepts réactionnaires à déconstruire de plus. Ce qui nous choque est que le mot « nègre » soit employé dans le titre d’Agatha Christie. C’est inadmissible, c’est pourquoi nous allons aussi brûler aussi les disques des Last Poets et les films de Melvin Van Peebles…..
Edwy Plein-Air Mais quand les Lasts Poets (artistes de spoken word proche des black Panthers NDLR), chantent en 1970 « Niggers are scared of the revolution » (les négros ont peur de la révolution) c’est justement pour défendre la cause des noirs et lutter contre le racisme d’état. De même que Melvin Van Peebles qui utilise le terme « nigger » faisait partie du courant de la blaxploitation qui visait à valoriser la culture et la musique afro-américaine, avec des acteurs noirs
Démon-t-e Ikéa : Un bon noir, doit bien parler….. euh pardon désolé j’ai un petit syndrome Pascal Sevran qui me fait dire des saillies racistes incontrôlées comme mon papounet militant de droite, deux secondes, je prends mon comprimé.
Edwy Plein-Air Pourquoi ne vous en prenez-vous pas plutôt au film Intouchables ; car il s’agit d’un grand bourgeois blanc qui a une position de supériorité sur un domestique noir.
Démon-t-e Ikéa : Mais non il est handicapé le bourgeois, donc c’est un opprimé. Vous faites preuve de validisme. Vous êtes pas loin du fascisme !
Edwy Plein-Air Ne craignez vous pas qu’avec ces discours et vos concepts, vous focalisez sur des symboles en oubliant l’essentiel : le racisme réel et violent, les agressions policières, les discriminations à l’embauche, le pillage néocolonial de l’Afrique par l’occident ?
Démon-t-e Ikéa : Non le symbole est toujours plus important que les actes concrets, c’est ce que dit Terra Nova, l’aide droite du PS à laquelle nous sommes membres, en double appartenance avec notre collectif.
Le symbole est toujours plus important que les actes concrets,
Démon-t-e Ikéa, collectif « La Penderie »
Edwy Plein-Air Puisque l’on parle de symboles, vous prétendez défendre les racisés notamment mais vous n’êtes qu’entre blancs dans ce collectif. Avez vous demandé aux premiers intéressés ce qu’ils pensent de vos actions faites en leur nom ?
Démon-t-e Ikéa : Mais je ne suis pas blanc.che, puisque je suis allé faire du Safari en Afrique avec papounet, et je me suis pleinement sentie chez moi et que j’étais pas une blanche dominatrice malgré mes revenus 50 fois supérieurs à la population.
Edwy Plein-Air D’accord, mais quelle est la composition sociologique de votre mouvement ?
Démon-t-e Ikéa : Nous avons de tous les milieux sociaux : nous brassons des fils de notaires et des filles d’universitaires, des fils du psychiatres et des fils de médecins, des fonctionnaires catégories A et des magistrats….
Edwy Plein-Air Cette surenchère de polémique ne serait-elle pas une manière de détourner les aspirations originelles de la gauche qui devrait être la révolution socialiste, pour les amener sur des débats sans fin sur l’identité sans aucune vision de classe ? Vous êtes dans une posture privilégiée d’intellectuels !
Démon-t-e Ikéa : Vous faites là la preuve d’un classisme inacceptable.
Edwy Plein-Air Non plutôt du marxisme. Et en général je parle plutôt de mépris de classe, et c’est ce que vous me semblez incarner le mieux.
Démon-t-e Ikéa : Non. Le classisme, c’est justement le fait de s’en prendre à quelqu’un parce qu’il est plus riche que vous, c’est une discrimination qui doit être combattue comme le racisme, le sexisme, la négrophobie, l’antisémitisme, la romophobie, la japonophobie, la buxerollophobie, …..
Edwy Plein-Air Escusez-moi, je n’ai pas la place de vous laisser énumérer votre liste de 15 pages de mots en « phobie », et me vois dans l’obligation de conclure cet entretien. Vous vous revendiquez de l’intersectionnalité, concept qui vise à fédérer les luttes, mais en réalité vous sectionnez le camps contestataire.
Démon-t-e Ikéa : Oui c’est notre but ! C’est Jean-Pierre Grouffarin qui finance notre local de contestataires.
Edwy Plein-Air Et j’en conclus que par votre action vous allez faire en sorte que la gauche contestataire, quand elle se retrouvera à l’intersection, elle va laisser la priorité à la droite et lui céder le passage.
Démon-t-e Ikéa : Oui assurément, et quand on aura fini notre crise d’adolescence, on deviendra notaire comme papa.
Edwy Plein-Air Merci pour cet entretien.
Démon-t-e Ikéa : On vous remercie pas[Schklang Boum patatrac (bruits de vandalisme divers et variés)]
Edwy Plein-Air
Grand merci M. Plein-air pour cette interview pour le moins décapante…
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