Si vous êtes lecteur de la presse quotidienne locale vous avez sans doute dû lire certains articles, de nos confrères et consœurs de Centre Presse ou de la Nouvelle République, concernant le les logements étudiants sur Poitiers, par exemple l’article de notre consœur Émilie CHESNÉ disponible ici.
La crise du COVID, qui a vu le taux de réussite du bac historiquement le plus élevé (98,4% en bac général, contre 91,2% en 2019, chiffres ici) couplée au boom des naissances de l’an 2000, fait qu’il y a un nombre d’étudiants de première année en cycle universitaire plus élevé que d’habitude.

Poitiers qui était jusque là connu pour la disponibilité et le faible prix des loyers risque de connaître une période très sombre de son histoire. Y.G. journaliste et co-fondateur de la NRslip est allé à la rencontre de ces jeunes et de leur famille en cette période très trouble.
Au hasard des rues nous avons rencontré une jeune Léa (quel prénom original pour une jeune de 18 ans tout juste sortie du lycée, prénom le plus donnée aux filles nées entre 2000 et 2004, quatre années de suite, ici pour la source, elle pourra remercier ses parents de lui avoir trouvé ce prénom si original) qui sortait d’une visite.
Y.G. : « Qu’avez vous pensé de cette visite ?«
Léa : « Et bien, c’est petit, pas très bien éclairé et de toute façon comme je suis la douzième à visiter ce studio dans cette fin d’après midi et bien je ne suis pas sûre de pouvoir me trouver un logement…«
Y.G. : « Mais comment allez vous faire, la rentrée approche à grands pas«
Léa : « Je sais bien, j’ai pensé à prendre un petit job étudiant afin de pouvoir me payer un appartement plus grand car il y a moins de demande sur les loyers un peu plus élevés. Le problème c’est que je risque de ne pas être la seule à avoir l’idée et le marché risque d’être saturée. Et puis je sais très bien que cumuler un emploi et mes études n’est pas forcément une bonne idée, car la probabilité de planter son année est accrue de manière très significative, j’ai lu une étude là dessus d’ailleurs (NDLR : disponible ici). Du coup j’ai également envisagé la prostitution comme moyen de rémunération, mais là encore je risque de ne pas être la seule à avoir l’idée et le marché risque d’être là aussi saturé… Je ne vois pas trop de solution, j’espère avoir de la chance.«
Il est vrai que la prostitution étudiante, bien que mal chiffrée donne, dans certaines de ses estimations, froid dans le dos. SUD étudiants évoquait 40 000 étudiantes et étudiants qui avaient recours à cette pratique en 2006. Quelques année plus tard l’Université de Montpellier estimait quant à elle après une enquête interne à quelque 4% des effectifs les étudiantes et étudiants qui avaient eu des rapports sexuels en échange d’argent. Ces deux nombres sont cohérents entre eux. Sur les près de 30 000 étudiantes et étudiants cela pourrait donc représenter plus de 1 000 étudiantes et étudiants concernés.
Après cet échange un peu glaçant avec cette jeune femme, Y.G. a fait la rencontre de la jeune Manon, bronzant sur les pelouses de Blossac, sereine. Elle nous a expliqué qu’elle avait mis en place une technique assez innovante pour être sûre de trouver un appartement.
Manon : « J’ai mis en place un système de veille automatique sur les annonces de location de studio qui paraissent chaque jour et qui correspondent à mon budget. Grâce au robot que j’ai codé, dès qu’une annonce parait, un mail ou un SMS, ou un message vocal est directement envoyé auprès de la personne qui gère l’annonce, avec toutes les informations importantes : mon nom, mon prénom, la situation et le revenu des mes garants, ma taille, mon poids, mon régime alimentaire, ma religion, mes opinions politique, mon orientation sexuelle… »
Y.G. « Pardon pour la brutalité de mon intervention mais je vous coupe, toutes ces informations ne sont-elles pas excessives ?«
Manon : « C’est vrai que c’était violent ! Je préfère mettre toutes les chances de mon côté, et puis quand on voit ce que demande certains bailleurs, on n’est jamais trop prudente. Pour l’instant j’ai réussi à avoir quelques rendez-vous, mais je ne dois pas être la seule à avoir en place ce type de robot car je n’ai toujours pas trouvé mon logement… Mais je suis sur la bonne voie, au moins mon robot me permet de ne pas trop me prendre la tête là-dessus »
Lucas, rencontré peu de temps après a quant à lui opté pour une solution originale, une tente dans le hangar d’une entreprise de la ville. « C’est ce le bailleur qui a accepté de me prendre, au moins j’ai une bonne connexion internet ! »
Au moins j’ai une bonne connexion internet !
Lucas, 18 ans

Quelles solutions ? Nous avons interrogé différents acteurs politiques concernant ce sujet. Chez les anciens d’Oh Non Poitiers, perdants énervés des dernières municipales, le ton est à la colère, comme d’habitude. Eugég33k nous livre le point de vu de ce collectif aux passions tristes :
Eugég33k : « Il y aurait une solution assez simple, si la mairie avait une volonté politique forte sur le sujet : préemption des logements vacants couplée à la réalisation de studios et de logements modestes et sociaux en lieu et place des logements de luxe qui ont été prévu par la municipalité sortante, que ce soit rue de la tranchée ou place d’arme. Mais bon pour ça il faudrait une majorité qui se donne le courage de ses ambitions, personnellement je n’ai que peu d’espoir en la matière puisqu’une partie de la nouvelle majorité revendique l’héritage de la majorité sortante…«
Nous avons également contacté Eliza Navet-Dop, adjointe au logement pour voir si la municipalité allait s’occuper du sujet :
END : « Le prochain conseil municipal est en septembre, nous allons voir si l’opportunité de s’emparer de se sujet est pertinente. Si tel était le cas, alors il nous faudra ouvrir une concertation bienveillante avec les différents acteurs et actrices du secteur du logement à Poitiers, pour arriver toutes et tous ensembles à une solution qui convienne à tout le monde. »
Y.G. « Mais vous n’avez pas peur que ça prenne du temps, d’autant que le 28 septembre les étudiants seront majoritairement toutes et tous de retour« .
END : « Vous savez, nous avons été toutes et tous très occupées et avons méritées nos vacances, comme tout le monde. De plus prendre des décisions dans l’urgence et sans concertation participative et citoyenne co-construite et bienveillante ça n’est pas gentil, c’est presque une dérive autoritaire du pouvoir confisqué aux citoyens, ça n’est pas du tout notre manière de voir et faire la politique vous savez. Et puis la mairie n’a dans l’absolue pas de prérogative sur l’Université« .
Y.G.